Depuis l’arrestation de Pavel Durov à Paris, les réseaux sociaux sont en ébullition. Au fil des jours, les journaux du monde entier égrènent de nouvelles informations, et chaque influenceur y va de sa propre théorie.
Sommes-nous au cœur d’une affaire d’espionnage ou de simple régulation des réseaux sociaux ?
Est-ce que, comme l’affirme le Canard Enchaîné, l’invitation à venir en France était un piège tendu ?
Paul du Rove (son nom français) était-il au courant qu’un mandat d’arrêt international avait été émis par la justice française le 8 juillet ?
Pourquoi le Kremlin, ennemi de Telegram autrefois, a-t-il pivoté vers une position de défense de Durov après son arrestation ?
Pourquoi les Émirats arabes unis ont-ils soumis une demande à la France pour fournir des services consulaires à Durov ? (Qu’il a refusé)
Beaucoup de questions sans réponses.
Alors que Pavel Durov vient de sortir de 96 heures de garde à vue, a dû payer une caution de 5 millions d'euros et a pour interdiction de quitter le territoire. C’est une histoire qui ne fait que commencer.
Nous allons dans ce post réservé aux membres payants de Cybernetica nous interroger sur les implications géopolitiques de cette arrestation.
Cette arrestation très médiatisée a éclipsé une autre information de taille : nous avons appris que deux des principaux soutiens financiers d’Elon Musk pour le rachat de Twitter entretiennent des relations proches et privilégiées avec le Kremlin.
A l'instar du splinternet, une fragmentation de l’Internet, les réseaux sociaux (qui sont aussi des services de messagerie interpersonnels) ont également leur rideau de fer et leurs sphères d’influence.
Face au camp des plateformes classiquement alignées sur les États-Unis (Google, Meta, Apple, Microsoft), il existe deux services utilisés par les populations occidentales sur lesquels le gouvernement américain n’a pas de prise :
- TikTok : 1 milliard d’utilisateurs, dont 150 millions aux USA
- Telegram : 1 milliard d’utilisateurs prévu pour 2024
Il y a aussi X.
- X (ex-Twitter) : 540 millions d’utilisateurs
Bien que la société soit américaine, Twitter a une longue histoire d’ingérence et d’influence. C’est le lieu de rendez-vous préféré des ingénieurs du Chaos.
Pendant des années, les oligarques russes et chinois ont fait fortune avec les entreprises de tech sans avoir d’influence politique directe sur ces dernières.
Tout passait par l’indirect : on dit que de nombreuses agences, dont les services russes, ont infiltré des agents dans les équipes techniques ou soudoyé des employés pour accéder à certains secrets de fabrication, comme les algorithmes de ranking. Le cas le plus connu est celui de l’Arabie saoudite, prise la main dans le sac chez Twitter.
Lire Saudi infiltration of Twitter
Dans le contexte du rachat de Twitter par Elon Musk, il s’agissait de prendre le contrôle opérationnel et informationnel du produit. Au nom de la liberté d’expression.
La Chine a été encore plus loin en créant des outils d’influence géopolitiques profitables. C’est ce qui rend TikTok très intéressant. Il combine à la fois contrôle étroit de la Chine et revenus importants (plus de 16 milliards en 2023). C’est à ma connaissance le seul outil d’ingérence “profitable” sur l’Internet.
Telegram, en revanche, reste flou. Contrairement à WhatsApp, qui reste une danseuse pour Meta, Telegram ne peut que s’appuyer sur ses revenus modestes et ses levées de fonds réalisées au plus haut de la bulle crypto.
PS : Le Wall Street Journal révèle que les Émirats arabes unis, terre d’adoption de Pavel Durov, ont investi 75 millions de dollars.
Malgré les déclarations égocentriques du fondateur, Telegram n’a pas le même niveau de contacts que les grandes plateformes américaines, qui n’ont pas hésité à recruter des grands pontes du renseignement à leur board. Ce qui ouvre des portes, et offre une forme de protection diplomatique.
Que penser de l’arrestation de Pavel Durov ?
De nombreuses théories circulent, voici celle qui a ma préférence. Il faut la prendre avec des pincettes.
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