🔴 La vraie disruption n’est plus technologique, mais opérationnelle

La France finance le passé, avec la vitesse du passé.

🔴 La vraie disruption n’est plus technologique, mais opérationnelle

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Voici la première newsletter depuis l’annonce de la création du Conseil de la résilience numérique. Vous êtes 5000 abonnés, ce qui fait de Cybernetica la première newsletter sur la géopolitique du numérique et de l’IA. Merci!
  • On aime beaucoup parler de disruption en informatique, car c’est ce qui rythme le monde technologique. Contrairement aux idĂ©es reçues, le monde numĂ©rique adore les « disruptions ».
  • Depuis l’arrivĂ©e du PC sur les bureaux, nous avons vu Ă©merger Windows, les rĂ©seaux d’entreprise, l’Internet, les intranets, le e-commerce, le client-serveur, la business intelligence, le big data, le mobile, l’intelligence artificielle 1.0, le Cloud, et dĂ©sormais l’IA gĂ©nĂ©rative.
  • MĂŞme si personne ne sait encore comment rentabiliser ses coĂ»ts de dĂ©veloppement, ses usages pratiques se sont dĂ©veloppĂ©s très rapidement.
  • Les prochaines Ă©tapes sont dĂ©jĂ  connues : des IA locales dans l’entreprise, des agents pour dĂ©multiplier la capacitĂ© des collaborateurs, et le Vibe Coding — des outils de « prompt to code » permettant de crĂ©er des produits directement utilisables.

Mais chez beaucoup de professionnels, il existe en 2025 un sentiment de malaise, né du fait que le monde vers lequel nous pensions aller a laissé place à un monde dans lequel nous ne souhaitons pas vivre.

Nous avons été disruptés, non par la technologie, mais par la géopolitique.

La vraie révolution du monde numérique n’est pas une innovation numérique.

Pour comprendre le monde dans lequel nous avons été projetés, il est essentiel de mesurer l’impact de trois disruptions géopolitiques, longtemps restées hors du champ de vision de la plupart de nos dirigeants.

1. La rivalité États-Unis/Chine a disrupté les rapports dominant/dominé dans le numérique

  • La coopĂ©tition qui existait depuis longtemps entre les États-Unis et la Chine s’est transformĂ©e en compĂ©tition technologique brutale.
    Personne ne peut dire exactement quand elle est passée de l’implicite à l’explicite — le hacking de Google en Chine en est probablement le déclencheur.
  • Les embargos technologiques ont poussĂ© la Chine Ă  dĂ©velopper une autonomie technologique complète et Ă  investir massivement dans des domaines que l’Europe juge encore secondaires : OS, hardware, puces, IA.
  • DĂ©sormais, la Chine est un acteur quasi autonome et souverain.
    Elle serait en passe de concurrencer les machines de lithographie extrême ultraviolet (EUV) d’ASML.

Si l’Europe veut réellement devenir souveraine technologiquement dans un monde qui ne lui fera plus de cadeaux, elle devra s’inspirer du modèle chinois en formant un vivier solide d’ingénieurs et en avançant plus vite sur des projets logiciels concrets.

2. La boîte de Pandore de la conflictualité informationnelle a été ouverte lors de la guerre en Ukraine

  • Ce conflit a obligĂ© la Russie Ă  renforcer ses capacitĂ©s cyber offensives et Ă  Ă©tendre son arsenal de guerre informationnelle.
  • Si certains considèrent que le vote du Brexit et les Ă©lections amĂ©ricaines de 2016 ont Ă©tĂ© un test bed pour tout ce qui a suivi, cette stratĂ©gie s’est raffinĂ©e et surtout Ă©tendue au monde de l’entreprise.
  • Plus personne n’est Ă  l’abri.
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Pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé en 2016 aux États-Unis, je conseille à nouveau Cyberwar de Kathleen Jamieson.

Mais la guerre hybride n’est plus l’apanage de la seule Russie.

  • La Chine, de manière plus discrète mais dĂ©terminĂ©e, a commencĂ© Ă  intĂ©grer cette dimension dans sa stratĂ©gie vis-Ă -vis des États-Unis — curieusement, sans rĂ©action visible de la part des AmĂ©ricains… pour l’instant.

On pense évidemment à l’opération Typhoon Salt, que vous connaissez désormais si vous nous lisez.

  • Mais ce qui est nouveau depuis 2025, quand on observe la manière dont Musk agit en Europe, ce sont les prĂ©mices d’une forme de guerre hybride qui ne dit pas son nom, et qui embarrasse une partie des alliĂ©s europĂ©ens.

Face à la guerre hybride, il n’y a pas de garde-fous, ni de ligne Maginot possible dans une configuration où les attaques peuvent venir de partout.

3. Le champ de bataille ukrainien, prototype du modèle des factories

  • La vĂ©ritable disruption de la guerre en Ukraine, c’est qu’elle a montrĂ© que la guerre — autrefois fondĂ©e sur les hommes et la stratĂ©gie — ne peut dĂ©sormais ĂŞtre gagnĂ©e que par la collecte, l’analyse et la comprĂ©hension des donnĂ©es du champ de bataille.
  • Et c’est la collecte, paradoxalement, qui est la partie la plus complexe.
  • Ce bouleversement rend une partie de l’industrie traditionnelle de l’armement obsolète, si elle n’est pas connectĂ©e Ă  des clouds militaires, et si les armes ne peuvent fonctionner ensemble dans un environnement numĂ©rique unifiĂ©.
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C’est un peu le passage du Walkman à l’iPod que découvrent aujourd’hui les armées du monde entier.
  • Évidemment, Peter Thiel et son rĂ©seau avaient compris que cette Ă©volution Ă©tait irrĂ©versible — mais ils n’avaient pas de terrain d’expĂ©rimentation… jusqu’à l’Ukraine.
  • Alors que les alliĂ©s occidentaux — n’ayant jamais connu ces nouvelles formes de guerre — vendent des armes traditionnelles (toujours redoutablement efficaces), l’Ukraine — tout comme la Russie, l’Iran, IsraĂ«l, la Turquie ou encore l’ArmĂ©nie — a dĂ» inventer de nouveaux modes de combat, adaptĂ©s Ă  des armes indigènes et Ă  ces conflits de nouvelle gĂ©nĂ©ration.
  • Lors d’un passage sur France 24, j’étais avec Yaroslav Azhnyuk, un fabricant de drones ukrainien, qui m’a expliquĂ© Ă  quel point les coĂ»ts avaient chutĂ©.
  • Aucun pays occidental n’est aujourd’hui capable de produire des drones au niveau de prix Ukrainien.

Car l’innovation ne suffit plus : il faut des drones jetables, faciles à produire, et — grande nouveauté — fabriqués directement sur le terrain, par les opérateurs eux-mêmes.

La factory, un modèle de développement ultra-agile

Le point commun entre la souveraineté chinoise, la guerre hybride russe et l’innovation militaire ukrainienne, c’est le modèle des factories: une itération continue, non-stop, qui est désormais la seule manière efficace de se défendre dans le cyberespace, l’espace informationnel et les théâtres d’opérations.

Les attaques sont devenues permanentes, évolutives. La défense doit suivre la même logique.

Tous les acteurs militaires se posent la même question : le monde qu’ils ont connu n’existe plus. Et ils ne sont pas certains de disposer, en interne, des talents nécessaires pour s’adapter.

Et ce modèle-là inspire désormais aussi le monde numérique qui insère des factories en dehors des zones de combats.

Le concept de “factory”

Stan Winston

Une factory représente bien plus qu’une simple équipe agile.

C’est une infrastructure complète — logicielle, matérielle et humaine — conçue pour produire, entraîner, tester, déployer et faire évoluer des systèmes numériques à grande échelle, de manière continue.

On passe de l’agile à l’ultra-agile. (suite pour les abonnés)

Ses principes fondamentaux :

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