La "souveraineté numérique", pour quoi faire?
Comme une nouvelle guerre froide, la souveraineté numérique déchire la Chine et les USA. La France et l’Europe ont-elles une ambition dans ce domaine ?
Face à l’émergence de puissants acteurs privés tel que les GAFAM américains ou les BATX chinois bénéficiant d’une mainmise considérable sur l’ensemble du marché numérique, un principe de souveraineté visant à s’affranchir de la dépendance étrangère a vu le jour et centralise de nombreux enjeux.
La régulation du cyberespace, la protection des données personnelles et la limitation de l’hégémonie des puissances étrangères sont les principaux objectifs de la souveraineté numérique.
Ses contours et son statut restent cependant flous, tandis que son encadrement se retrouve au croisement de défis à la fois juridiques, économiques, politiques et internationaux.
Né au début des années 2000 et popularisé notamment par les experts d’internet Bernard Benhamou et Laurent Sorbier qui intègrent la technologie dans le champs de la souveraineté étatique, le concept revient souvent au cœur de l’actualité à cause de scandales tels que l’affaire Snowden ou Cambridge Analytica.
Un règlement général sur la protection des données (RGPD) est ainsi entré en vigueur le 25 mai 2018 et la souveraineté numérique a fait l’objet d’un rapport du sénat en octobre 2019.
Ce rapport dresse le constat suivant : « l’écosystème numérique est contrôlé et façonné par des acteurs toujours plus puissants, des géants du numérique (...) qui écrasent les marchés et nous placent en situation de dépendance technologique, édictent leurs propres normes, poursuivent leurs propres objectifs et servent leurs propres intérêts. »
La souveraineté numérique y est définie comme un devoir national visant à garantir le respect des valeurs éthiques, sécuritaire et de liberté économique tout en restant compétitif et innovant sur le marché.
Le conseil national du numérique ainsi que l’institut de la souveraineté numérique veillent au contrôle et à la régulation du réseau français et européen. Selon ce dernier, le cyberespace doit être protégé au même titre que les espaces terrestres, maritime et aérien.
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Quel cadre général adopter pour préserver le réseau français des rapports de force internationaux ?
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