🔴 2024 ➡️ 2025 Les règles du monde à venir se précisent

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"This is Mediabreak. You give us three minutes, and we'll give you the world." Robocop 1987

Bienvenue sur cette première newsletter de 2025.

Je profite de cette nouvelle année pour vous partager mes vœux ainsi que quelques idées sur l’année et la décennie à venir.

Chaque fin d’année, plutôt que de réfléchir aux nouvelles tendances, je préfère me concentrer sur les dynamiques souvent ignorées par les médias et leur impact possible.

Impossible de ne pas montrer l’une des premières images fortes de ce début d'année

Nous entrons dans un nouveau cycle du Web

Depuis les débuts du web commercial, nous avons connu la tentative de monopole de Microsoft sur le Web, suivie d’une brève période d’utopie (Web 2.0), remplacée avec l'arrivée de l’iPhone et du Cloud par l’Internet monopolistique des grandes plateformes.

Le Web 2.0 décentralisé dans son fonctionnement permettait à tous de proposer des services, puis les grandes plateformes ont commencé à acheter en masse ces services pour construire un monopole d’usage. Ce monopole inclut le contrôle de l’interface (iOS, Android, Chrome, MacOS, Windows), c'est-à-dire ce que l’utilisateur utilise. Avec le Cloud, ces mêmes plateformes ont transféré une grande partie de la valeur de l’informatique dans leurs data centers géants. En rendant dépendant tout le reste des industries, la majeure partie du monde occidental fonctionne avec l’une, voire l’ensemble, de leurs briques technologiques.

C’est contre ce monopole que je me suis battu avec ma startup Jolicloud, mais j’ai découvert qu’il y avait en Europe un consensus pour laisser prospérer les acteurs US, car ils permettaient aux États, aux startups et aux grandes entreprises d’avoir une stratégie numérique sans avoir beaucoup d’ingénieurs. Le terme officiellement donné à cette stratégie est « transformation numérique », que l’on pourrait aussi appeler googlelisation, amazonification ou microsoftisation de l’informatique d’entreprise.

Nos élites politiques n’ont pas combattu cet état de fait ; au contraire, ils l’ont accéléré et célébré, car cela leur donnait le vernis de la modernité.

C’est une des raisons qui m’a poussé à me mettre en retrait du monde entrepreneurial, en attendant le prochain cycle où il serait possible de construire. J’avais l’impression que cet Internet monopolistique serait indétrônable jusqu’au jour où l'impensable est arrivé.

La géopolitique nous fait sortir de l’Internet monopolistique.

Le cycle de domination des plateformes, les GAFAM, ne pouvait exister que dans un monde globalisé sans friction où tout le monde accepte le même produit. D’une certaine manière, Google n’est pas différent de McDonald's. Le Big Mac est le même dans chaque pays, la seule différence, c’est qu’en France, les pommes de terre sont cultivées à Matougues, en Champagne-Ardenne.

« Google est le McDonald's de la pensée », manifeste Slow Web.

Mais heureusement pour l’humanité, construire un monde algorithmiquement normé et faussement globalisé ne pouvait pas tenir l’épreuve du temps.

L’incapacité des plateformes à le comprendre a eu des conséquences politiques majeures. Les campagnes du Brexit et des élections américaines nous ont initiés au potentiel illibéral des réseaux sociaux et leur porosité aux opérations d’ingérence étrangère.

Elles ont surtout montré, et cela devrait à la fois nous rassurer et nous effrayer, que les créateurs de ces technologies, focalisés sur la monétisation, n’ont pas du tout compris comment leurs monstres cybernétiques allaient se comporter lorsque la volonté d’un village global n’existe plus.

La destruction de l’Internet a déjà commencé ?

Dès 2020, en plein Covid, alors que les GAFAM semblent intouchables et que le trafic est en hausse, ils sont sommés par les gouvernements de tous les pays de faire taire les anti-vax, une nébuleuse qui intègre des conspirationnistes, des opposants aux gouvernements, mais aussi des ingérences étrangères qui en profitent pour semer la division et la colère.

Sauf que « lutter contre la désinformation » coûte cher, sauf si l’on accepte d’inclure des outils de censure ou de “modération” des débats politiques.

Bluesky to quadruple its moderation team due to surge in new users
The decentralised social media said that the “huge influx of users” has led to “a predictable uptick in harmful content posted to the network”.

Cette stratégie exposée à travers les Twitter Files a été une aubaine pour Elon Musk, qui raconte que c’est ce qui l’a motivé à racheter Twitter.

Cette stratégie va aussi transférer une partie de cette audience vers TikTok, réseau contrôlé par la Chine, qui se retrouve en position d’arbitre des élégances de la politique sanitaire américaine.

Les réseaux sociaux, qui sont des business ultra profitables, se retrouvent face à un dilemme : ne pas modérer les réseaux fait fuir les annonceurs, et modérer fait hurler les oppositions.

Albania bans TikTok for a year after fatal stabbing of teenager last month
Prime minister announces move after meeting with parents’ groups and teachers over social media fears

Mais ce n’est que le début :

L’idée de détruire l’Internet global a commencé à germer au cœur de la Russie et de la Chine avec les premiers sabotages des infrastructures physiques de l'Internet, comme les câbles sous-marins, ou logiques, comme SolarWinds, dont personne en France n’a vraiment parlé. Cette double offensive est ce que l’on appelle, dans le jargon, une guerre hybride.

  • hacker les rĂ©seaux et les infrastructures d’un cĂ´tĂ©
  • hacker les cerveaux via les rĂ©seaux sociaux de l’autre

C’est d’une certaine manière ce qu’Elon Musk et son entourage tentent de faire : créer un nouveau réseau numérique imperméable aux acteurs traditionnels, voire aux États, à savoir Starlink, et imposer une réalité alternative avec X.

En fait, Elon Musk ne fait qu’imiter la stratégie de Vladislav Surkov, ancien conseiller politique de Vladimir Poutine, dans la mise en œuvre d'une politique théâtrale. Ce dernier a utilisé des concepts issus du théâtre expérimental, notamment ceux liés au postmodernisme et à la manipulation narrative, pour influencer la politique russe et maintenir le contrôle de l’élite poutinienne sur la société.

Parce que les réseaux sociaux traditionnels ne veulent plus être le moteur de cette politique théâtrale après l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021, il est important pour Musk de posséder son propre réseau et de créer un Splintranet, une balkanisation des réseaux au cœur même des États-Unis.

Cette offensive réussie a pour objectif de prendre le pouvoir sur la tech, en convainquant une partie de la population de changer ses outils et ses habitudes.

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J’ai commencé à aborder ces questions dès 2014 dans quelques tribunes du Point, mais j’ai eu le sentiment que ces questions devaient être traitées en profondeur. En tant qu’entrepreneur, je ne comprenais pas l’intérêt de détruire ou de corrompre le réseau mondial.

C’est ce qui a motivé la création de Cybernetica. En 2020, lors d’une conférence, j’avais prédit dans quelques slides que l’infrastructure physique de l’Internet, à savoir les câbles sous-marins, allait devenir une cible. À l’époque, mon audience semblait sceptique, mais quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, j’ai reçu un coup de fil de l’Élysée qui souhaitait utiliser ces mêmes slides pour un Conseil de défense. Il y avait eu des tentatives de sabotage en mer du Nord.

Cinq ans plus tard, non seulement la menace s’est confirmée, mais elle s’est étendue aux câbles électriques. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement la France qui surveille les câbles, mais l’OTAN, qui sillonne la zone baltique à la suite de plusieurs sabotages. Un jeu de cache-cache inquiétant entre la flotte fantôme russe et celle de l’OTAN, renforcée par l’arrivée de la Suède.

Bienvenue dans l’ère post-Internet. 

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